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Archive de la catégorie ‘le texte littéraire de la semaine’

L’authenticité, par Krishnamurti

Dimanche 5 août 2007

Toute cette exploration du mouvement de l’ authenticité, dans toute sa dimension, ce sens de la grandeur, ce sens réel du sacré, a pour but d’instaurer l’ordre au sein de notre vie, de notre vie quotidienne, de nos relations, de nos actions.

 

Nous devons faire ensemble l’examen de la situation ; voir ensemble la confusion qui règne autour de nous, le formidable danger qui, dans le monde entier, pèse sur l’existence de l’humanité, la façon dont, partout dans le monde, les religions font obstacle au rapprochement entre les êtres humains. Confronté à cet océan de confusion, de malheur, de famine et d’opulence, et de guerres, tout individu intelligent quelque peu sensibilisé à l’état actuel de ce monde, cherche forcément à savoir s’il est envisageable que les êtres humains — chacun d’entre nous — puissent disposer de la qualité d’authenticité.

Krishnamurti lecture à la lampe

 

Dans la langue anglaise (et tout particulièrement aux Etats-Unis), l’usage qui est fait actuellement de certains mots les a vidés de tout leur sens ; des mots comme « sécurité », ou « sincérité », « authenticité » ne veulent plus rien dire. Tel individu, qui cherche simplement à vous vendre quelque chose, est « très sincère » ; tel autre, passablement dérangé mais pas vraiment conscient de son déséquilibre, est « très sincère ». Tel autre, fermement ancré dans certaines convictions, dans certaines croyances, dans sa foi en Dieu et ainsi de suite, est, lui aussi, « d’une sincérité authentique ». Un mot comme « honnêteté » est quasiment vide de sens, car lorsqu’on vit dans un état totalitaire, le mensonge est une nécessité, on est obligé d’être malhonnête. Si vous dites ouvertement ce que vous avez envie de dire, votre vie est mise en péril. Le mot « amour » est lourdement chargé de toutes sortes de connotations absurdes de sensualité, de sentimentalisme, de romanesque. Il faut donc réexaminer ces mots de fond en comble.

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Poème de Saint Amand – la Nuit

Dimanche 29 juillet 2007

Poème de Saint Amand - la Nuit dans le texte littéraire de la semaine sa


Friedrich Nietzsche – le Gai Savoir : un aphorisme parmi tant d’autres

Samedi 21 juillet 2007

 

L’insensé. – N’avez-vous pas entendu parler de cet homme fou qui, en plein jour, allumait une lanterne et se mettait à courir sur la place publique en criant sans cesse : « Je cherche Dieu! Je cherche Dieu! » – Comme il se trouvait là beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu son cri provoqua une grande hilarité. A-t-il donc été perdu? disait l’un. S’est-il égaré comme un enfant? demandait l’autre. Ou bien s’est-il caché? A-t-il peur de nous? S’est-il embarqué? A-t-il émigré? – ainsi criaient et riaient-ils pêle-mêle. Le fou sauta au milieu d’eux et les transperça de son regard. « Où est allé Dieu? s’écria-t-il, je veux vous le dire! Nous l’avons tué, – vous et moi! Nous tous, nous sommes ses assassins! Mais comment avons-nous fait cela? Comment avons-nous pu vider la mer? Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon? Qu’avons-nous fait lorsque nous avons détaché cette terre de la chaîne de son soleil? Où la conduisent maintenant ses mouvements? Où la conduisent nos mouvements? Loin de tous les soleils? Ne tombons-nous pas sans cesse? En avant, en arrière, de côté, de tous les côtés? Y a-t-il encore un en-haut et un en-bas? N’errons-nous pas comme à travers un néant infini? Le vide ne nous poursuit-il pas de son haleine? Ne fait-il pas plus froid? Ne voyez-vous pas sans cesse venir la nuit, plus de nuit? Ne faut-il pas allumer les lanternes avant midi? N’entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine? – les dieux, eux aussi, se décomposent! Dieu est mort! Dieu reste mort! Et c’est nous qui l’avons tué! Comment nous consolerons-nous, nous, les meurtriers des meurtriers? Ce que le monde a possédé jusqu’à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau – qui effacera de nous ce sang? Avec quelle eau pourrons-nous nous purifier? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d’inventer? La grandeur de cet acte n’est-elle pas trop grande pour nous? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux pour du moins paraître dignes des dieux? Il n’y eut jamais action plus grandiose, et ceux qui pourront naître après nous appartiendront, à cause de cette action, à une histoire plus haute que ne fut jamais toute histoire. » – Ici l’insensé se tut et regarda de nouveau ses auditeurs : eux aussi se turent et le dévisagèrent avec étonnement. Enfin il jeta à terre sa lanterne, en sorte qu’elle se brisa en morceaux et s’éteignit. « Je viens trop tôt, dit-il alors, mon temps n’est pas encore accompli. Cet événement énorme est encore en route, il marche – et n’est pas encore parvenu jusqu’à l’oreille des hommes. Il faut du temps à l’éclair et au tonnerre, il faut du temps à la lumière des astres, il faut du temps aux actions, même lorsqu’elles sont accomplies, pour être vues et entendues. Cet acte-là est encore plus loin d’eux que l’astre le plus éloigné, – et pourtant c’est eux qui l’ont accompli! » – On raconte encore que ce fou aurait pénétré le même jour dans différentes églises et y aurait entonné son Requiem œternam deo. Expulsé et interrogé il n’aurait cessé de répondre la même chose : « A quoi servent donc ces églises, si elles ne sont pas les tombes et les monuments de Dieu? »

F. W. Nietzsche

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l’amitié selon Michel de Montaigne

Mercredi 18 juillet 2007

Voici un extrait des Pensées de Montaigne, où le juriste de Bordeaux évoque l’amitié qui le liait à La Boétie :

« Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu’accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s’entretiennent. En l’amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l’une en l’autre, d’un mélange si universel qu’elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant : «Parce que c’était lui, parce que c’était moi.»

Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j’en puis dire particulièrement, je ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous entendions l’un de l’autre, qui faisaient en notre affection plus d’effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel; nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l’un à l’autre. »

Montaigne – Essais (1580-1595), livre Ier, chapitre XXVIII.

Montaigne

Quelle classe ce Montaigne…